« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », ceci signifie que, dans une réaction chimique, il y a les mêmes éléments chimiques au départ qu’à l’arrivée, cependant, certains se sont associés entre eux pour former des molécules différentes.
Physico-chimiste de formation, je m’essaye à la comparaison entre les organisations que j’accompagne aujourd’hui et les mécanismes moléculaires que j’eu pour habitude de manipuler hier. Aux lecteurs sans coloration scientifique, pardonnez-moi certaines notions ardues, aux autres pardonnez-moi d’éventuels raccourcis scientifiques pour faciliter la lecture et la compréhension.
ATOMES, MOLECULES ET ORGANISATION
Le vivant et notamment les systèmes chimiques se structurent et interagissent de façon similaire à nos organisations, ou plutôt devrais-je dire que nos organisations semblent se structurer comme nos systèmes chimiques. Des atomes, liés entre eux pour former des molécules, qui elles-mêmes forment des structures plus larges (polymères) en s’associant c’est un peu la même histoire que des collaborateurs, réunis en équipes ou directions contribuant à faire exister une entreprise (ou existants grâce à elle).
Les interactions entre ces éléments, leur nature, leur environnement, et les énergies qu’ils subissent en font des systèmes ouverts en perpétuel mouvement, en perpétuelle transformation, peut-être même en perpétuelle réaction. Transformation ou réaction, y-a-t-il réellement une différence ?
Une réaction chimique est la transformation d’une ou de plusieurs molécules en d’autres molécules. Elle implique l’apparition ou la disparition d’au moins une liaison chimique ou un échange d’électrons. Ce phénomène me semble inhérent à toute transformation d’entreprise : Où doivent-être les liens puissants dans l’organisation ? Quelles informations doivent-être partagées ? Comment adapter son modèle pour répondre à son environnement et retrouver l’équilibre ?
ENTROPIE ET TRANSFORMATION
En parlant d’équilibre, l’entropie est l’une des grandeurs physiques au même titre que la température, la pression ou le volume, définissant l’état d’un système (thermodynamique), elle caractérise le niveau de désorganisation d’un système : plus cette grandeur est élevée, plus l’énergie est dispersée et moins utilisable . La variation d’entropie se révèle alors être la grandeur traduisant le sens de toute transformation d’un système thermodynamique…
…Et d’un système humain ? Le parallèle est en effet aisé pour appréhender les dynamiques de transformation dans nos organisations.
L’essence même d’une transformation ne réside-t-elle pas dans la mobilisation de l’énergie interne de l’organisation, j’entends celle des collaborateurs ? Cela se joue, selon moi, à trois niveaux :
- D’abord, l’engagement dans une transformation nécessite de concentrer son énergie sur la création de valeur. La difficulté ici est d’allier l’activité quotidienne et l’instruction des sujets transformants, d’éviter donc la dispersion des énergies pour permettre au système « Organisation » d’évoluer et de s’améliorer comme il le souhaite.
- Ensuite, l’objectif d’une transformation en lui-même est souvent, voire systématiquement, de diminuer l’entropie. En effet l’amélioration des pratiques collectives vise à réduire au maximum les éléments de désorganisation pour atteindre un équilibre souhaitable pour le système. La transformation vise-t-elle à améliorer l’organisation ou à limiter la désorganisation ?
- Enfin, la mise en mouvement d’une organisation et de ses collaborateurs ne passerait-elle pas par une augmentation contrôlée de l’entropie, dans un premier temps ? Juste la bonne dose pour introduire le doute, la prise de conscience et une déstabilisation créative, avant de revenir dans un nouvel état d’équilibre et de sérénité adéquat.
Au passage, ce n’est peut-être pas pour rien que les racines étymologiques du mot « entropie » proviennent du grec εντροπία ́ , littéralement « Action de se transformer ».
Ne cherchez pas de message particulier, cet article a pour simple ambition de partager une source d’inspiration qui pourrait éventuellement faire naître des idées, qui sait..? Nos organisations ont très certainement beaucoup à apprendre du potentiel des mécanismes naturels qui, au final, tendent toujours vers l’équilibre.