En fait, l’intrapreneur peut être vu à travers deux prismes complémentaires :
- Le projet: l’intrapreneur est celui qui initie et porte le développement d’un nouveau produit, d’une nouvelle offre jusqu’à la rencontre de son marché.
- Les compétences: l’intrapreneur est doué de qualités très appréciées d’initiative, d’engagement, de curiosité, d’imagination, de conquête, de négociation, de facilitation, d’action et d’apprentissage. « Super manager.euse », il.elle est un.e « rebelle » qui sort du cadre.
Dans les deux premiers billets de cette série, nous avons mis en évidence les adhérences et les différences qui existent entre Intrapreneuriat et Innovation participative, puis souligné l’importance de voir clair dans ce que l’on attend d’un dispositif pour en concevoir les modalités.
Nous avons également introduit la nécessité de définir les engagements respectifs de l’intrapreneur et de son employeur ; nous allons maintenant dresser les contours de ce « véhicule RH », consubstantiel du dispositif lui-même, qui est proposé donnant – donnant, « contractuellement » au collaborateur « candidat-intrapreneur ».
Pour commencer, posons le cadre : tous les programmes formels de stimulation de l’innovation et de la création d’entreprise s’inscrivent dans une vision du processus innovation (de l’idée au marché) ; ils accompagnent pendant une durée donnée (3 mois, 6 mois ou plus …) des intrapreneurs dans le développement de leur projet.
Les projets ciblés en entrée peuvent être de maturité variable (idée, concept en devenir, concept abouti, premiers retours du marché …) selon le contexte et les enjeux de l’Entreprise mais gardons à l’esprit que dans tous les cas :
- Ce que traite un programme d’intrapreneuriat, ce sont des couples formés d’intrapreneurs et de leurs projets.
- Pour un intrapreneur et son projet, la participation au programme a un début et une fin.
Du point de vue du candidat intrapreneur, cela pose deux grandes questions :
- En quoi la participation au programme consiste-t-elle ?
- Que va-t-il se passer après ma participation au programme ?
L’Entreprise qui souhaite développer un dispositif d’intrapreneuriat doit nécessairement adresser ces deux questions en même temps car les réponses qu’elle doit y apporter sont interdépendantes ;
Tout d’abord, l’intrapreneur voit généralement son employabilité et donc ses prétentions, sensiblement dopées à l’issue de sa participation ; nombreux sont les exemples d’intrapreneurs qui quittent leur entreprise dans l’année suivant leur participation en se vendant mieux ailleurs sur des périmètres de responsabilité en rapport avec leurs nouvelles compétences professionnelles. Si certains sont des mercenaires, d’autres ne se sont pas vu proposer des trajectoires objectivement à la hauteur.
Mais également, la participation au programme révèle le potentiel du projet de l’intrapreneur : celui-ci peut s’avérer sans grand avenir pour l’Entreprise, mais aussi fort prometteur … Comment alors le faire atterrir dans les meilleures conditions au bénéfice de l’Entreprise ?
Pour révéler, développer et conserver ses talents en les plaçant dans les meilleures conditions de s’exprimer, l’entreprise doit définir dans le détail, en amont, les modalités détaillées d’accompagnement de l’intrapreneur pendant sa participation au programme mais aussi le champ des possibles qui s’offre à lui après sa participation et les modalités associées.
Ces modalités doivent faire l’objet d’un véritable package (le véhicule RH) et d’une communication claire et transparente pour concrétiser un accord formel entre deux « partners in business », le collaborateur et l’entreprise.
Dans notre prochain billet, nous commencerons par éclairer plus précisément les enjeux liés au contenu du programme lui-même. Quelles sont les grandes questions qu’il faut adresser pour le définir ? Quelles sont les réponses les plus courantes, les points de vigilance, les éléments critiques ? Nous consacrerons ensuite notre cinquième développement à l’anticipation des scénarios de sortie.