L’innovation digitale n’est plus une option. Entre impératif de compétitivité, pressions environnementales et accélération des technologies (IA, data, IoT, cloud…), les entreprises doivent inventer de nouveaux modes d’organisation pour capter la valeur de la révolution numérique.
Avec et pour l’un de nos clients, nous avons conduit un benchmark auprès de 11 grandes entreprises industrielles françaises. Modalités : interviews focalisés de DSI, Directeurs du Digital, Directeurs Innovation, Responsables de Programmes ; Objectif : comprendre comment ces entreprises définissent, organisent et pilotent l’innovation digitale.
Ce travail met en évidence des tendances fortes – et des contrastes marqués – dans la manière dont l’innovation digitale est pensée et déployée ; nous en avons tiré 5 enseignements clés.
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Un pilotage très centré sur l’IT
Une large majorité d’entreprises localisent la fonction Innovation Digitale à l’IT : dans 9 entreprises sur 11, l’innovation digitale est rattachée à la DSI : c’est au sein de l’IT que se situent les responsabilités et l’animation des processus d’Innovation digitale (identification et suivi des opportunités, veille technologique, stratégie d’innovation digitale…). Cela n’a au fond rien d’étonnant :
- Les nouvelles technologies (IA, data, cloud, IoT, réalité augmentée, etc.) nécessitent une expertise technique pointue.
- La veille technologique se nourrit d’un écosystème que l’IT connaît bien.
- La capacité à tester rapidement de nouvelles solutions suppose souvent une infrastructure que l’IT maîtrise.
Mais si l’innovation reste cantonnée à l’IT, elle tourne vite en rond. Les vraies ruptures ne viennent pas des technologies mais de leurs usages. Quand l’innovation digitale reste pilotée “depuis la tour IT” sans courroies de transmission avec les métiers, elle passe à côté des enjeux opérationnels réels, là où la valeur s’incarne… et les métiers font tout seuls, basculant dans le shadow IT.
👉 Notre conviction : l’innovation digitale doit être une conversation permanente entre technologie et usages métier. Sans ce dialogue, elle se réduit à une vitrine technologique.
👉 Le défi : Comment concilier maîtrise technologique et ancrage dans les besoins opérationnels ?
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Innovation digitale ≠ Transformation digitale
Si dans 4 cas sur 11, on parle indifféremment d’Innovation ou de Transformation digitale qui sont confiées aux mêmes structures, dans 7 cas sur 11, l’entreprise considère que l’instruction d’opportunités digitales fondées sur de nouvelles technologies, est un sujet en soi ; ces entreprises ont mis en place une structure dédiée à l’innovation digitale, séparée de la structure en charge de la transformation digitale qui traite du foisonnement des cas d’usages sur des technologies déjà « stratégiquement adoptées » (plateformes) et de projets larges spectres (programmes).
En clair :
- L’innovation digitale = tester et apprendre.
- La transformation digitale = déployer et ancrer.
Ce distinguo permet aux entreprises de conserver l’agilité des phases exploratoires tout en assurant un relais robuste vers la mise en œuvre à grande échelle. Celles qui ne font pas cette différence prennent le risque d’affaiblir à la fois leur capacité d’expérimentation et l’efficacité de leurs programmes de transformation.
👉 Notre conviction : mélanger innovation et transformation digitale, c’est tuer l’agilité d’un côté et la rigueur de l’autre.
- L’innovation digitale, c’est tester, apprendre, se planter parfois.
- La transformation digitale, c’est déployer, ancrer, foisonner.
Les deux logiques sont indispensables, mais ne fonctionnent que si elles sont assumées comme complémentaires. Mélanger les deux, c’est comme demander à une voiture de course de labourer un champ : ça ne marche pas. Et inversement, donner un tracteur et lui demander de battre un record de vitesse sur circuit, ce n’est pas mieux. Il faut deux logiques, deux tempos, deux états d’esprit. L’agilité pour expérimenter, la rigueur pour industrialiser.
👉 Le défi : Assurer un pont solide entre les deux dynamiques, pour éviter que les expérimentations ne se perdent dans le vide.
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IA et Data, épicentres de l’innovation digitale
Dans l’industrie, comme dans bien d’autres secteurs, l’IA et la Data concentrent une grande part des efforts. Certaines entreprises ont créé des structures dédiées pour adresser ces enjeux, d’autres les intègrent dans une approche plus globale, sans structure spécifiquement en charge. Dans tous les cas, ces technologies façonnent déjà les architectures SI et redessinent les perspectives métiers.
Toutes les entreprises interrogées voient l’IA et la Data comme prioritaires. Dans 2 cas sur 11, elles font même l’objet de structures dédiées. Dans un cas, elles monopolisent presque tout l’effort d’innovation.
👉 Le défi : investir massivement dans l’IA et la Data… sans négliger les autres technologies émergentes.
👉 Notre conviction : L’IA et la Data sont centrales, mais attention aux obsessions. Les prochaines grandes ruptures viendront peut-être d’ailleurs (IoT, blockchain, réalité augmentée, cybersécurité…). Miser uniquement sur IA/Data, c’est courir le risque de rater le prochain virage.
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La veille technologique : dispositif clé, inégalement structuré
Toutes les entreprises interrogées reconnaissent l’importance de la veille technologique. Mais seules 6 sur 11 ont mis en place une activité structurée : référents, gouvernance, participation à des événements majeurs, notes de veille partagées. Les 5 autres fonctionnent encore sur une logique plus artisanale, portée par quelques rares individus motivés.
👉 Notre conviction : une veille non structurée, c’est une collection de cartes postales : agréable à feuilleter, mais inutilisable pour piloter des choix stratégiques. La veille doit être conçue comme un outil stratégique, collectif et gouverné.
👉 Le défi : transformer la veille en véritable outil stratégique pour éclairer les choix d’innovation.
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L’acculturation doit dépasser l’événementiel
Toutes les entreprises mènent des initiatives d’acculturation à l’innovation digitale : hackathons, journées thématiques, success stories, communautés internes. Certaines vont jusqu’à intégrer l’innovation digitale dans le catalogue de formation, ou à offrir jusqu’à 10 % de temps libre pour des projets innovants.
Mais le passage à une culture digitale profonde et partagée reste un enjeu majeur chez tous les acteurs interrogés : trop souvent, l’acculturation reste ponctuelle et événementielle. Elle impressionne sur le moment, mais peine à transformer durablement les pratiques.
👉 Notre conviction : L’acculturation a réussi quand les collaborateurs comprennent les enjeux, savent où trouver ressources et accompagnement et se sentent légitimes à expérimenter. Sans cette constance, l’innovation reste une vitrine.
👉 Le défi : ancrer l’innovation digitale dans les pratiques quotidiennes, au-delà des événements ponctuels.
En conclusion, entre market pull et techno push, l’équilibre à trouver
Les entreprises oscillent entre deux logiques :
- Market pull : partir des besoins métiers pour intégrer des solutions numériques adaptées.
- Techno push : miser sur le potentiel disruptif des nouvelles technologies et leur créer des usages.
La clé réside dans la combinaison des deux approches : écouter les métiers tout en anticipant les ruptures technologiques.
Chez Talisker, nous accompagnons les entreprises dans ces choix structurants : gouvernance, organisation, veille, acculturation, partenariats. Notre conviction est simple : la réussite de l’innovation digitale ne se joue pas uniquement sur la technologie, mais surtout sur la façon dont elle est organisée, pilotée et diffusée.
👉 Vous vous interrogez sur la meilleure manière d’organiser l’innovation digitale dans votre entreprise ?
👉 Vous cherchez à comparer vos pratiques avec celles d’autres acteurs ?
👉 Vous voulez structurer votre gouvernance, vos dispositifs de veille ou vos démarches d’acculturation ?
Parlons-en. Contactez-nous, réagissez, partagez vos expériences : c’est dans l’échange que naissent les meilleures idées.