En 10 ans, le marché du cloud a été multiplié par 6 en France. Les entreprises le déploient massivement avec une approche pour l’instant principalement technologique.
Or, l’adoption du Cloud engendre également une transformation managériale et organisationnelle profonde de la DSI.
Avec le IaaS et le PaaS, des volumes significatifs de ses activités de production sont transférés à des acteurs tierces ou ne sont plus requis. D’autre part, le SaaS accroit la désintermédiation de la DSI, les métiers ayant plus facilement et rapidement accès, en autonomie, à la distribution d’applications.
Cela requestionne le positionnement de la DSI et, par la même, son organisation et ses compétences.
Un défi de reconversion des métiers d’exploitation de la production informatique
Le IaaS et le PaaS libèrent la production informatique des tâches les plus routinières de gestion des infrastructures et d’exploitation technique. Les activités d’installation de matériel, la supervision d’infrastructure ou encore les actes récurrents d’exploitation (installation de patchs par exemple) sont considérablement simplifiés et allégés.
En parallèle, les activités de conception et de gestion tactique des infrastructures changent significativement. En effet, le cloud apporte de la souplesse à l’entreprise en permettant d’ajuster rapidement les ressources d’infrastructure aux besoins. Pour en tirer le meilleur parti, la production informatique s’industrialise en mettant en place les mécanismes de gestion associés.
A titre d’exemple, avec la croissance exponentielle d’accès aux ressources à distance, l’administrateur conçoit des systèmes permettant d’optimiser l’usage de la bande passante réseau disponible.
L’enjeu des DSI est donc de faire évoluer autant que possible les compétences des techniciens et administrateurs afin que certains d’entre eux puissent prendre des activités d’ingénierie technique et une posture d’expertise.
Enfin, la stratégie et la politique de sécurité d’entreprise doivent être adaptées aux architectures Cloud, par nature plus ouvertes. Cela requière des compétences rares sur le marché. Former une ou plusieurs ressources internes de la production informatique sur le sujet peut être une bonne tactique pour répondre au besoin.
Un recentrage sur les applicatifs cœur de métier et la gestion de fournisseurs
Sur le périmètre applicatif, le SaaS freine les velléités d’avoir du spécifique. Rester au maximum dans le standard des solutions sur étagère dans le Cloud permet un déploiement rapide et une maintenance évolutive à moindre coût en profitant des dernières mises à jour logiciels. En conséquence, le volume d’activité de développement décroit.
Les activités de développement sont fréquemment sous-traitées à des ESN. Moduler leur volume est le cas échéant davantage une problématique contractuelle que RH.
Cependant, dans le cas d’une équipe de développement interne importante, trois pistes complémentaires d’évolution des profils Etude peuvent être envisagées :
Un recentrage sur les développements spécifiques du SI cœur de métier, plus rarement couvert par le SaaS
Une bascule vers les activités de gestion de la cohérence des données et des applications
Les activités d’intégration applicative (gestion des flux inter-applicatifs, API…) ainsi que la gestion de la consistance des données, sont accrues dans le but de maintenir un SI cohérent et intégré malgré l’hétérogénéité des solutions SaaS.
Une évolution vers de la gestion de fournisseurs Cloud.
La DSI dépend de plus en plus d’un écosystème de fournisseurs Cloud qu’elle se doit de piloter opérationnellement. Cela requiert, de la part des collaborateurs, une capacité à partager avec eux les enjeux et à challenger la valeur qu’ils apportent.
Certains de ces fournisseurs deviennent des partenaires stratégiques de l’entreprise (Microsoft, Google, Salesforce, AWS, …). Pour ces fournisseurs critiques, la gestion de la relation est à confier à un manager qui doit avoir suffisamment de leadership et de capacité de décision pour peser en tant que client et obtenir la mobilisation au juste niveau du fournisseur. Enfin, leur compétence en négociation leur sera très utile pour permettre de transformer ces partenariats en actifs stratégiques et concurrentiels, les éléments contractuels et financiers étant devenus primordiaux !
Le Cloud vient profondément modifier le positionnement, les métiers et les compétences de la DSI.
Son positionnement évolue ainsi vers celui de concepteur et orchestrateur de services, garant de la qualité transverse du SI tout en s’appuyant sur divers prestataires Cloud externes.
Dans un prochain article, nous verrons également que le Cloud est une opportunité pour la DSI de se positionner davantage en amont en tant que prescripteur conseil auprès des métiers et utilisateurs.
Les DSI ont encore peu anticipé cette transformation organisationnelle et RH, concentrées pour l’instant sur les facettes plus techniques du sujet. Afin d’être en mesure d’attirer les nouveaux talents requis et d’accompagner les évolutions de métiers de certains, une stratégie RH est indissociable d’une démarche cloud.
La révision du modèle de compétences et des fiches de postes, la construction de parcours professionnels, la marque employeur ou encore les plans de formation sont des leviers forts pour une DSI dans la réussite de cette transformation.
Article écrit à quatre mains par Isabelle Galambert et Damien Delettre de Talisker.
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