…, depuis quelques semaines, force est de constater, que nous sommes collectivement entrés dans une phase intermédiaire, un entre-deux en manque de stabilité, une situation délicate et encore inhibitrice de nos instincts fraternels, de nos envies de relations sociales, de ce qui fait ce que nous sommes…des humains. Aujourd’hui c’est une joie collective de voir rouvrir les terrasses des restaurants…quel plaisir pour ce nouveau rendez-vous !!
Il en va de même pour le corps social dans nos organisations, privées ou publiques. Nous sommes profondément entrés dans l’ère du numérique. Il n’y aura pas de retour en arrière. L’important sera de concevoir et d’accompagner ces nouvelles pratiques collaboratives au-delà du sens premier. Comment s’appuyer sur des plateformes digitales au quotidien comme Teams, Zoom ou Klaxoon sans, nécessairement, réinventer également nos interactions sociales et managériales.
Comment le manager de demain va-t-il trouver ses marques ?
Lui qui, hier, devait être animateur de ses troupes ; incarner une posture de mentor, renforcer l’alchimie de ses équipes et gérer sereinement l’imprévu…comment le Manager va-t-il accompagner ces transformations profondes tout en osant dire lui-même qu’il est potentiellement en perte de repères ? Cela nous interroge sur un avant et un après, sur l’innovation managériale et à titre d’illustration sur le développement des communautés apprenantes.
En effet, dans les modèles d’organisations issus de l’ère post industrielle, au XXIème siècle, les communautés apprenantes (qui ne datent pas d’hier) sont une dérivée de l’intelligence collective permettant aux collaborateurs de s’impliquer collectivement et activement dans la définition de nouveaux objectifs, de contribuer avec plus d’engagement, de sens et d’autonomie, aux bénéfices d’eux-mêmes avant tout, mais aussi pour le bien de l’organisation qui trouvera de nombreux avantages à favoriser cet état d’esprit « intrapreneurial ».
Les COMEX qui ont une « âme » pionnière ont tout intérêt à favoriser cette opportunité qui prend une dimension radicalement différente (efficacité-pertinence-multidisciplinarité-etc.) par l’essor technologique d’une part et la digitalisation de nos usages. Ce « trend » devrait se confirmer dans les années à venir avec autant de flexibilité que d’ingéniosité.
Sur un tout autre plan, mais qui est parfaitement connexe au regard des enjeux de transformation, et les français l’ont constaté à leur dépens durant cette crise, il nous faut complètement repenser la dépendance industrielle qui est la nôtre depuis 40 ans de désindustrialisation. Plus que jamais, les Directions Innovations peuvent s’emparer de ces nouveaux défis. Hier les Directeurs de la Stratégie ou de l’Innovation se devaient notamment d’identifier les nouveaux territoires de croissance de demain. Cela reste notoirement de leur « apanage », toutefois leurs missions devraient probablement évoluer et (re)devenir un contributeur actif, voire un pilote d’une meilleure analyse des signaux faibles pour anticiper les crises de demain ! Ainsi, la Data, la Veille et la Prospective voient leurs rôles se renforcer dans le périmètre d’une Direction de l’Innovation.
Au-delà, se pose la question pour les entreprises de mieux maîtriser leur « global supply chain » demain et, donc, d’agir sur la réindustrialisation de nos territoires. Mais les modèles économiques de demain ne vont pas se réinventer en dupliquant le passé. Encore une fois, les Directions de la Stratégie et de l’Innovation peuvent être à la manœuvre pour proposer de nouveaux modèles, plus ingénieux, plus agiles, plus flexibles. C’est là que l’intelligence collective et l’open innovation trouvent tout leur sens dans leur capacité à mobiliser l’écosystème interne (collaborateurs, managers, etc.) ou externe (fournisseurs, partenaires, universités, laboratoires, etc.) au regard de ces nouveaux défis.
Les meilleurs projets viendront probablement de votre capacité à mobiliser votre écosystème pour produire les solutions de demain, mais on peut imaginer, d’ores et déjà, quelques angles d’attaque…
- L’économie de partage, tout d’abord, revisitée et appliquée aux entreprises. Comment mieux partager des ressources, ou des actifs stratégiques ou des investissements à forte intensité capitalistique entre partenaires, PME, ETI, etc. ?
- La relocalisation, certes, mais pas n’importe quoi ou n’importe comment sans réinventer nos procédés. La crise a fait apparaitre des trous béants dans nos processus de production et à tous les niveaux. Nous devons donc repenser cette maîtrise. C’est l’opportunité des micro-usines qui permettraient de préserver nos savoir-faire, dans une logique de plus grande diversité avec un objectif clair d’agilité et d’adaptation permanent,
- L’innovation par la captation de valeur à l’externe. Les ETI et les grands groupes doivent plus que jamais renforcer leurs processus de collaboration avec les start-ups ou les TPE/PME innovantes. Il faut poursuivre et renforcer les systèmes de collaboration entre les mondes de l’entrepreneuriat et des entreprises.
- Plus loin, il faut aller encore plus loin sur la préservation de notre environnement. Le développement durable ne suffit probablement déjà plus (sic !). Comment avoir un impact positif sur notre environnement et créer de la valeur… ? Par la régénération d’actifs appartenant à l’humanité entière permettant la création de nouvelles activités, de nouvelles filières économiques ? Le législateur national et international doit être à la manœuvre pour donner l’impulsion, réglementer et normer pour changer les paradigmes, et enfin investir massivement selon moi pour booster la reprise, mais cela passe aussi par la conscientisation de tout un chacun.
L’innovation et l’intelligence collective sont des leviers qui doivent permettre de résoudre et d’apporter des réponses à ces défis de demain. On a un grand appétit pour un nouveau monde mais on en a peur ! C’est le paradoxe et le déchirement de notre civilisation de ce début du XXI ème siècle. Pourtant il n’y a pas d’autres chemins que de repenser cet avenir avec conviction, ambition et solidarité. Chez Talisker nous voulons être le cabinet qui réunit cette « fractale », travailler sur les hommes et leur épanouissement pour le bien de LA Société. Cela ne fait pas de nous des doux rêveurs, mais des consultants à conviction.