Lorsqu’on parle d’innovation digitale, tous les regards se tournent vers la Direction des Systèmes d’Information (DSI). Technologue de l’Entreprise, elle maîtrise l’infrastructure, connaît les technologies, tient les clés de la cybersécurité et de l’architecture SI. Mais où doit-elle placer les priorités ?
👉 Doit-elle avant tout innover pour elle-même, améliorer ses outils, ses processus, ses méthodes de delivery ?
👉 Ou bien sa vocation est-elle d’accompagner les métiers, en explorant et en déployant des solutions digitales innovantes qui transforment directement la façon dont l’entreprise crée de la valeur ?
Les entreprises qui réussissent à tirer parti de l’innovation digitale sont celles qui ont trouvé le bon équilibre.
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La tentation naturelle : innover pour soi-même
La DSI a longtemps été perçue comme un centre de coûts. On lui demandait fiabilité, disponibilité, sécurité. Pas forcément créativité. Avec le cloud, l’agilité, DevOps, les outils collaboratifs, la DSI a trouvé un terrain naturel pour innover sur elle-même :
- Modernisation des outils (ERP cloud, plateformes collaboratives, cybersécurité avancée) ;
- Automatisation des processus internes (infrastructures as code, chatbots de support, supervision intelligente… ) ;
- Nouvelles approches (Scrum, SAFe, DevOps…).
Ces innovations internes sont essentielles. Elles permettent à la DSI de gagner en productivité, en fiabilité et en réactivité. Elles améliorent aussi l’expérience des collaborateurs en interne. Bref, elles modernisent la fonction IT elle-même.
Mais si la DSI se limite à ce périmètre, elle risque de rester une fonction support, modernisée certes, mais toujours périphérique à la création de valeur métier.
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La DSI au service de l’innovation des métiers
Les entreprises attendent aujourd’hui de l’innovation digitale qu’elle touche le cœur de leur activité :
- optimiser les opérations industrielles : IoT, jumeaux numériques, maintenance prédictive…
- enrichir l’expérience client : applications mobiles, interfaces conversationnelles, services digitaux…
- transformer les modèles économiques : plateformes, économie de la donnée, nouveaux services…
Dans ce cadre, la DSI peut jouer un rôle déterminant :
- Explorateur : détecter les technologies émergentes qui peuvent créer de la valeur pour les métiers
- Catalyseur : organiser des PoC, prototyper, accompagner les pilotes
- Intégrateur : sécuriser et industrialiser les solutions qui ont fait leurs preuves
- Partenaire : travailler main dans la main avec les directions métiers pour traduire les besoins en solutions digitales
Ce rôle de partenaire change profondément la place de la DSI dans l’organisation : de fournisseur de services, elle devient co-constructeur de valeur.
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Un faux dilemme : pourquoi opposer les deux ?
Posée de manière binaire, la question “innover pour soi-même ou pour les métiers” est un piège. La vérité, c’est que la DSI doit faire les deux. Pourquoi ? Parce qu’on ne peut pas accompagner les métiers si l’on n’a pas d’abord modernisé ses propres pratiques. Une DSI engluée dans des processus lents et rigides, prisonnière d’outils obsolètes, incapable de livrer rapidement ou d’intégrer de nouvelles technologies, ne peut pas prétendre aider les métiers à innover.
👉 Et surtout : pour se donner le droit – et la légitimité – d’accompagner les métiers dans l’innovation digitale, la DSI doit avoir prouvé sur elle-même sa capacité à innover. C’est une condition implicite, presque une évidence : la crédibilité externe commence par l’exemplarité interne.
Inversement, une DSI qui se modernise sans accompagner les métiers reste dans un rôle d’usine à outils. Elle laisse les métiers explorer seuls. Le résultat est connu : la DSI subit. Elle hérite alors de projets et de solutions qui peuvent être hors des standards et des normes, difficiles à intégrer, voire incompatibles avec les SI existants. Et surtout, elle perd son rôle régalien d’architecte, de garant de la cohérence et de la sécurité du système d’information.
👉 L’équation est simple : l’innovation interne est la condition, l’innovation métier est la finalité.
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Trouver l’équilibre : trois axes pour les DSI
De notre expérience, trois leviers permettent de concilier ces deux dimensions.
Axe 1 : Moderniser les fondations IT
Cloud, cybersécurité, automatisation, API management, agilité à l’échelle… Ce sont des prérequis. Une DSI moderne doit être capable de délivrer vite, de façon fiable et sécurisée. C’est la base.
Axe 2 : Se doter de capacités d’exploration
Mettre en place des dispositifs d’innovation digitale (labs, équipes dédiées, partenariats startups, veille technologique). Ici, la DSI doit sortir de son rôle traditionnel et se donner le droit à l’erreur. Tester, expérimenter, apprendre vite.
Axe 3 : Devenir un Business Partner
Cela suppose d’instaurer une gouvernance partagée avec les métiers, d’intégrer des référents innovation dans les équipes, de co-financer certains projets, nourrir l’innovation de l’extérieur (écosystèmes, partenaires, open innovation). C’est en jouant simultanément sur ces trois registres que la DSI bascule du rôle de support à celui de partenaire stratégique.
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Notre conviction : l’innovation digitale est un sport collectif
Le benchmark que nous avons conduit [lien] le montre : les entreprises qui avancent le plus vite sont celles qui ont modernisé leurs propres pratiques IT, mais n’en sont pas restées là et ont fait de la DSI un acteur à part entière de la transformation des métiers.
On ne tire pas de valeur des technologies si les métiers avancent seuls d’un côté et la DSI de l’autre : l’innovation doit émerger des usages, mais s’ancrer dans un cadre global que la DSI construit et sécurise. L’IT et les métiers doivent jouer ensemble, chacun dans son rôle mais avec un objectif commun : créer de la valeur.
Chez Talisker, nous accompagnons les DSI et les directions métiers dans cette articulation délicate :
- moderniser les fondations IT,
- développer des capacités d’exploration,
- structurer des gouvernances partagées,
- et surtout, faire en sorte que l’innovation digitale profite directement au cœur de l’activité.
👉 Votre DSI a-t-elle déjà trouvé le chemin pour innover au bénéfice des métiers ?
👉 Comment voyez-vous l’équilibre entre les deux ?
Parlons-en ! Challengez nos convictions, partagez vos expériences, interrogez nos pratiques. Parce que c’est en confrontant les points de vue que l’on construit de vraies trajectoires d’innovation digitale.