J’ai vu changer la face du monde. Nous avons tous vu changer la face du monde. Je n’ai pas ou que très peu influencé le cours des évènements, mais au fond peut-être n’était-ce pas mon rôle. Confinés, nous avons continué à être actifs malgré tout et à jouer notre rôle de conseil pour nos clients malgré l’impact sur leurs activités et sur les nôtres par corrélation. Mais solidaires et convaincus, quelques décideurs éclairés se saisissent de ces moments de crise pour faire bouger les lignes et investissent plus que jamais sur l’Innovation pour constituer le levier de la reprise de leur activité et préparer demain. Et le temps leur donnera raison sans conteste !!
La crise économique et sanitaire doit pour autant nous éclairer sur les évolutions nécessaires que nos modèles socio-économiques doivent emprunter demain. Nous ne mesurons pas encore assez, à quel point nous sommes interdépendants avec notre écosystème environnemental, climatique et écologique. Le déséquilibre que nous avons engendré, ne fait que s’accentuer décade après décade et la notion de « reprise économique » interroge sur la tentation de reproduire à l’identique les mêmes modèles qu’hier basés sur le seul facteur de croissance comme le PIB pour mesurer le bonheur de nos sociétés. Qui, à part D. Trump, J. Bolsonaro, et tous ces politiques populistes qui malgré tout fleurissent (c’est une incompréhension pour moi, même si j’ai la lucidité de comprendre l’essor de ces chantres accros au dogme du mensonge et de la duplicité), peut encore croire à ces principes hégémoniques, comme si nous étions les seuls à pouvoir décider de ce qui est bon pour la planète ! Un petit virus de quelques microns nous incite à nous ré-approprier la notion de respect des systèmes écologiques, à bousculer les principes établis et identifier des alternatives aux modèles en cours. L’Innovation peut singulièrement nous aider à accompagner cette transformation. J’y crois et j’en suis convaincu sans angélisme ni malice de ma part. Il y a une voie d’équilibre que nous devons emprunter et vite. Car il y a urgence. L’innovation n’est pas que technique, technologique, produits, services ou solutions. L’innovation c’est avant tout une culture. Un état d’esprit. Ce n’est pas une ligne sur un compte d’exploitation. C’est avant tout créer de la valeur pour les utilisateurs, pour les citoyens qui le sont avant d’être simplement des consommateurs. C’est un levier de croissance certes, mais une croissance responsable, durable, pour rendre nos organisations et nos sociétés plus respectueuses et plus résilientes face aux défis écologiques et environnementaux à venir.
Au-delà de la tragédie humaine de cette crise sanitaire et économique, cette dernière est aussi porteuse d’espoir. Elle porte les ferments d’un renouveau de notre conscience sur les urgences à venir. Concepts un peu éloignés des principes de l’hyper mondialisation d’hier nous avons la lucidité de comprendre que les défaillances constatées sur le plan de la gestion de cette crise nous amènent à appeler de toute notre énergie une reconfiguration de notre économie, de la localisation de nos centres de recherches et de nos sites de production notamment.
Dialoguer avec son marché et ses partenaires, se réinventer en mobilisant l’ensemble de son écosystème interne et externe sont les piliers sur lesquels sont fondés les principes de l’Open Innovation et l’Intelligence Collective. De grands défis nous attendent, à quelle échelle allons-nous relocaliser et « rapatrier » certaines activités oubliées et délocalisées. Comment ? Allons-nous en profiter pour revisiter les usines, les procédés, les principes organisationnels de demain ? De nouvelles méga-trends apparaissent ou se renforcent : les pratiques collaboratives distancielles, la protection et la sécurité des clients ou des collaborateurs sur le lieu de travail, les véhicules autonomes individuels et collectifs, les usines 4.0, etc. La tentation est grande pour certains acteurs économiques de couper dans les coûts et notamment dans les prestations de conseil. Ce serait une erreur, l’innovation c’est le ressort de la reprise responsable et le meilleur levier pour transformer les organisations afin de nous préparer aux ruptures de demain.