UN PROJET INNOVANT, QUESACO ?
Un projet est innovant, par sa finalité, par les buts qu’il poursuit. Il se définit comme une initiative structurante à même de transformer une organisation, un comportement ou un usage que ce soit pour développer une idée innovante, intégrer une approche alternative, développer un procédé ou une solution de services, ou bâtir un nouveau levier de croissance. C’est la mise en œuvre concrète d’une idée originale, utile, qui soit adoptée et qu’il est possible de faire adopter.
DES SPECIFICITES AUX PROJETS D’INNOVATION
- Se confronter au plus vite aux retours des clients
Le projet innovant se distingue d’abord d’un projet plus « classique » par un niveau d’incertitude plus élevé ; lorsqu’on engage son projet, on ne sait pas si la solution que l’on a en tête sera pertinente pour répondre au problème que l’on souhaite résoudre. Voire, on n’a pas la certitude absolue que la solution fait vraiment sens ; l’innovation, par essence, ne répond pas toujours immédiatement à une demande ou à un besoin explicite de ceux à qui elle est destinée, donc à un marché clairement identifié. On va en conséquence adopter une approche qui va permettre de se confronter au plus vite aux retours des usagers pour lever les incertitudes, ce que nous nous pouvons résumer par les approches « test and learn ».
- Penser parcours : tester la solution et son accessibilité
Ces éléments sont à la base d’une autre spécificité des projets innovants. Même si c’est un peu caricatural, dans un projet classique, on spécifie d’abord et on développe la solution elle-même et ce n’est que dans un deuxième temps que l’on va se poser la question sur la façon dont on va la distribuer, la vendre, ou en faire la promotion. A l’inverse, dans un projet innovant, puisque l’on s’évertue à confronter dès que c’est possible la solution à ceux à qui elle est destinée, on traite tout à la fois : la solution, la valeur qu’elle apporte vraiment au client et également la façon dont le client apprend qu’elle existe et y accède.
Prenons un exemple, pour mettre en place un système de mobilité douce dans une ville, il faut à la fois penser au moyen (quel vélo on va proposer), au service différenciant, à la valeur apportée mais aussi à la façon de faire savoir que le service existe et à la façon concrète dont le futur client va y accéder, c’est indissociable.
- Collaborer et s’ouvrir vers l’extérieur
Autre caractéristique spécifique de l’innovation, on innove rarement tout seul ! Pour innover, il faut collaborer et s’ouvrir à l’extérieur.
Commençons par la collaboration, elle ne se décrète pas et les projets innovants sont presque toujours pluridisciplinaires.
Pourquoi ? Ne serait-ce que parce que pour aboutir à une innovation, il faut à la fois totalement, pleinement comprendre et écouter le « client » (c’est l’apanage des services commerciaux, marketing et clients) et maîtriser les tenants et aboutissants des moyens, techniques et technologiques qui peuvent créer de la valeur (c’est l’apanage des ingénieurs, des femmes et des hommes de R&D&I).
Quant à l’ouverture sur l’extérieur, elle est indispensable pour innover : d’abord dans les phases très amont, pour s’inspirer et faire émerger des idées, ensuite pour créer et développer une solution. Dans tous les cas, on crée des liens et on travaille (on collabore !) avec des tiers, à commencer par ceux à qui la solution est destinée (eux seuls connaissent pleinement leurs problèmes et peuvent interagir quant à ce qui est susceptible de les aider, c’est à nouveau le « test and learn » que nous avons évoqué plus haut). On parle de co-construction. On est également souvent amené à travailler avec des partenaires, parce qu’ils ont une partie de la réponse : ils maîtrisent certains éléments techniques ou ont des compétences spécifiques indispensables.
Ainsi, les projets innovants intègrent souvent des partenariats, et qui dit partenariat, dit cadre de collaboration formalisé. D’un point de vue contractuel, il faut déterminer et s’entendre a priori sur qui apporte quoi, qui est responsable de quoi et qui bénéficiera de quoi à la fin lorsque l’on aura abouti ; quelle part de propriété « intellectuelle » du résultat élaboré ensemble chacun pourra revendiquer.
UNE DEMARCHE STRUCTUREE & FLEXIBLE POUR SOUTENIR LES PROJETS INNOVANTS ET LEVER LES INCERTITUDES
Maintenant que nous en avons balayé les différences, il est crucial de comprendre que – comme tout projet – le projet innovant s’intègre dans une démarche structurée.
Certes, dans les phases amont, d’identification d’un problème et d’esquisse d’une solution, on peut avancer sans beaucoup de structure et de contrainte. Mais vient un moment où convaincu de la pertinence du sujet et de l’existence de solutions, il faut sauter dans le bain : on va devoir dédier du temps, de l’énergie, allouer des moyens parfois investir, pour avancer, pour développer la solution jusqu’à ce qu’elle rencontre son marché, et in fine qu’elle soit adoptée.
Le mode de gestion d’un projet classique n’est pas adapté : par le nombre et l’ampleur des incertitudes restantes, il est impossible, voire contre-productif, de planifier la totalité d’un projet innovant dans les moindres détails. Il s’agit d’adopter une démarche plus flexible qui permette de s’organiser pour identifier et lever de la façon la plus efficace les incertitudes pour développer une innovation qui apportera de la valeur et permettra de se différencier et de se développer sur son marché.
L’approche dite agile est une alternative efficace qui permet d’ajuster progressivement la solution en organisant son exposition progressive auprès des utilisateurs finaux. Par itérations, elle se concentre sur les éléments les plus incertains. Si la pertinence du besoin est remise en cause, ou qu’une solution similaire, voire plus adaptée arrive sur le marché avant que l’on ait abouti, il faudra savoir se remettre en cause, pivoter, changer d’angle d’attaque.