Par-delà les structures et les systèmes, y a-t-il un « état d’esprit » facilitant l’émergence de nouvelles solutions qui rencontrent leur marché ? Par « état d’esprit », j’entends mentalité, façon de penser, comportement moral commun … bref, valeur ! L’innovation est-elle une valeur d’entreprise ?
ESPRIT ES-TU LÀ ?
Les startups incarnent pour beaucoup la quintessence de l’esprit d’innovation. Leur capacité à conquérir de nouveaux marchés en surfant sur les technologies et les usages fascine. Côtoyer des startups est un bain de jouvence qui nourrit l’espoir de bousculer les rigidités internes pour retrouver une vitalité perdue.
Nombre de grandes structures se rapprochent de jeunes pousses et tentent d’imiter leurs pratiques. Pas une semaine sans concours, hackathons, séances de « pitch » scénarisés devant des parterres de cadres en costume cravate, amusés et fascinés par la jeunesse qui va changer le monde ! Ici, on apprend que « l’effet waouh » et le bagout l’emportent souvent sur la compétence et la persévérance. A la « Star Academy » de la startup, on semble oublier les valeurs de la ténacité et de la modestie … et que la culture s’acquiert à l’usage et ne se reçoit pas.
L’innovation (la vraie i. e. celle qui aboutit) repose toujours sur un subtil mélange d’anticipation et de rigueur dans l’exécution : mobiliser les bonnes compétences … prendre des risques, faire des choix … les remettre en question, et parfois pivoter
ESPRIT, OUI, MAIS CHACUN LE SIEN !
Je crois en deux fondamentaux sur lesquels chaque organisation « bâtit sa propre culture de l’innovation » : la collaboration et l’ouverture.
Dans les entreprises qui innovent les pratiques collaboratives sont toujours largement installées, tant en interne où la transversalité est promue et développée, que vis-à-vis des écosystèmes. Au sein d’une petite équipe comme disons … une startup, collaborer est presque facile : entre compagnons qui se sont choisis, se connaissent et ont souvent co-investi, il est naturel de s’approprier les productions de l’autre pour proposer ses propres contributions au bénéfice de l’objet collectif. En revanche, lorsque la taille du bocal et le nombre de poissons s’agrandissent, relations de pouvoir, contrats interindividuels et enjeux institutionnels sont autant de barrières.
Dans ces conditions, le juste équilibre entre considération de ce qui vient de l’autre et promotion de ses propres contributions (affirmation de soi) relève de l’ancrage culturel ; savoir collaborer s’expérimente, s’acquiert, se valorise.
CE QUI EST VRAI DANS L’ENTREPRISE L’EST PLUS ENCORE VIS-À-VIS DE TIERS
Les champions de l’innovation trouvent dans leurs écosystèmes des sources d’inspiration et des ressources sur lesquelles faire levier (co-construction, partenariats) ; l’open innovation c’est développer la collaboration au-delà des frontières « naturelles » de l’entreprise. Instaurer des collaborations efficaces suppose de se mettre à la place de l’autre pour identifier des intérêts convergents, intégrer les différences de constantes de temps, purger les procès d’intention.
Les écarts de perception sont considérables entre une grande entreprise qui souhaite refonder son offre et une startup qui cherche des moyens, des terrains d’expérience et des financements pour arriver la première sur son marché !
User d’empathie – individuellement et collectivement – sans rien sacrifier au plan de l’identité est une qualité fondamentale de l’entreprise innovante, qui se remet en cause sans rien céder de ses valeurs.