A défaut de faire du mauvais agile, peut-on au moins essayer de faire de l’itératif efficace ?

Agiliste : vous faites de l’agile dans votre DSI ?
DSI : Ah oui, beaucoup !
A : C’est-à-dire ?
DSI : eh bien on travaille en sprints.
A : des cycles courts, tout le temps la même durée, qui délivrent des produits potentiellement livrables ?
DSI : oh non, nos sprints on les adapte en fonction de ce qu’on a à faire. Et parfois on fait des sprints de stabilisation parce qu’on n’a pas eu le temps de faire tous les tests sur le sprint d’avant.
A : mais donc, vous ne faites pas de l’agile !
DSI : mais si ! Je vous ai dit qu’on travaillait en sprints ! 

Quand on parle d’agilité, beaucoup ont tendance à l’associer directement (et uniquement) à un fonctionnement itératif et pourtant ce n’est qu’un principe parmi d’autres. L’agilité c’est aussi laisser les équipes s’auto-organiser dans un environnement de confiance, collaborer avec son client, être orienté valeur, savoir délivrer des produits finis et de qualité…

Alors pourquoi le principe d’itération (de sprint) vole-t-il la vedette ?

Dire que l’on travaille en sprints permet de clamer que l’on fait de l’agile sans en faire

L’agilité est apparue comme un buzzword au début des années 2000. Aujourd’hui, elle buzze toujours, mais tellement fort qu’on ne peut plus en faire abstraction : les métiers et clients attendent de l’agilité parce que ce n’est plus une abeille qui bourdonne à leurs oreilles mais plutôt une ruche très active.

Dans ces conditions, il faudrait beaucoup de courage à une DSI pour annoncer qu’elle ne compte pas faire de l’agilité mais plutôt continuer à perfectionner sa méthodologie projet plus classique (décision qui pourtant pourrait avoir du sens en fonction du contexte). Alors, répondant aux dictats de la mode, les DSI tentent d’interpréter l’agilité et d’en appliquer les principes qui semblent les plus évidents à mettre en œuvre. Et il s’avère que le concept de l’itération est facile à appréhender et peut faire miroiter de nombreux bénéfices.

Les sprints apportent de la valeur quand ils respectent deux principes de base

Commençons par rappeler pourquoi ce concept est présent dans toutes les méthodes agiles.

La plupart des projets SI sont complexes, c’est-à-dire qu’il est extrêmement difficile voire impossible d’anticiper tous les aléas. Cette nature complexe des projets SI est principalement liée à 2 facteurs : la difficulté à cadrer les besoins des clients et les difficultés techniques et technologiques.

C’est pour répondre à cette complexité que les sprints existent : si l’on ne peut pas tout anticiper en considérant le projet dans son ensemble, ramenons-nous à des intervalles de temps plus courts sur lesquels nous savons planifier.

1ère conséquence : pour contrer la difficulté à cadrer les besoins, on présente toujours au client le travail réalisé à la fin de chaque sprint

  • L’objectif est de collecter du feedback. Sans feedback, pas d’ajustement de la cible en cours de route. On se retrouverait alors dans la situation que l’on souhaitait éviter au départ : devoir anticiper tous les besoins du client en amont du projet.

2ème conséquence : pour contrer les difficultés techniques/technologiques, on s’assure de réaliser un produit potentiellement livrable à chaque sprint

  • Ceci signifie que l’on va le plus loin possible dans le processus de réalisation technique et que l’on s’assure de la qualité de l’incrément délivré pour éviter de rencontrer plus tard des imprévus techniques.

A défaut de faire du mauvais agile, on peut essayer de faire de l’itératif efficace

On pourrait citer d’autres principes agiles extrêmement importants relatifs aux sprints (durée fixe, avec un but et un plan associé…), mais les deux conséquences citées précédemment forment les piliers de la création de valeur par le fonctionnement itératif.

Si vous n’avez pas le temps, pas les moyens ou même pas l’envie de vous lancer dans l’agilité pure et dure mais que votre environnement vous tanne pour travailler en sprints parce que tout le monde en parle, gardez au moins en tête ces deux principes :

  • Toujours faire valider ce que vous faites par votre client
  • Toujours pousser pour réaliser des produits les plus finis possibles

Au moins travaillerez-vous à produire avec votre client le plus de valeur possible.

Et puis qui sait, une fois que vous aurez conjointement perçu les gains que peut porter ce type de démarche, peut-être trouverez-vous les arguments, les ressources et l’envie pour vous lancer dans le grand bain de l’agilité !

#agile #DSI