Intrapreneuriat : un programme, trois questions clés !

Le programme d’intrapreneuriat idéal doit relever du bon dosage : ni trop, ni trop peu.

Dans notre dernier article, nous avons souligné la nécessité de proposer aux candidats intrapreneurs un véritable contrat précisant les engagements respectifs de l’Entreprise et de l’Intrapreneur pendant mais aussi après la participation au programme.

Nous allons commencer par éclairer les enjeux du contenu du programme lui-même ; ils déterminent l’expérience que l’Entreprise fait vivre à l’intrapreneur et au-delà bien sûr, la valeur qu’il va pouvoir en retirer en tant que professionnel.

L’ingénierie du programme d’intrapreneuriat stricto sensu adresse trois principales questions :

Comment révéler et développer les compétences des intrapreneurs ?

Les programmes d’intrapreneuriat intègrent notamment des sessions de formation et de coaching, individuelles et collectives, de développement des savoirs faire et savoir être.

Pour l’Entreprise, il s’agit notamment de développer le potentiel managérial de l’intrapreneur pour en recueillir les bénéfices attendus à travers :

  • la mise en œuvre de valeurs spécifiques : droit à l’erreur et exigence de performance, libération de la créativité et valorisation de la rigueur, collaboration et responsabilité individuelle…
  • la diffusion de pratiques managériales,
  • la promotion et la valorisation d’impératifs d’agilité, de flexibilité…
  • l’inspiration et le partage de nouvelles tendances et façons de travailler, manager, entrainer…

Les méthodologies, outils et inspirations trouvent naturellement des applications immédiates sur les projets des intrapreneurs ; ils doivent s’inscrire dans une logique de capitalisation et de valorisation en cohérence avec les référentiels de gestion des emplois et des compétences de l’entreprise.

Comment fournir les moyens nécessaires à la réussite des projets ?

Si tout projet bénéficie de la montée en compétences et de l’inspiration de l’intrapreneur qui le porte, il a également besoin de ressources spécifiques qu’il convient de garantir : capacité de faire challenger ses choix, accès à des expertises, réalisation d’études spécifiques, capacité de modélisation, de maquettage, frais de tests et d’exposition directe auprès des clients, d’expérimentation…

Aide-toi, le ciel t’aidera !

Le programme d’intrapreneuriat idéal doit relever du bon dosage : ni trop, ni trop peu. Gare aux excès de facilité et au coaching « bisounours » : n’oublions pas que le vrai entrepreneur doit aller chercher les ressources externes (et personnelles) lui-même, avec les dents quand il le faut !

Jusqu’à quel point faire cohabiter programme d’intrapreneuriat et affaires courantes ?

La question du degré d’adhérence / intégration de la participation au programme avec le quotidien de l’Entreprise est clé.

Installer le programme dans le contexte de l’Entreprise (ou à proximité), sans frontière bien marquée dans les activités, contribue – théoriquement – à diffuser l’esprit d’entreprise auprès du reste du corps social, à entrainer les équipes et faire évoluer les comportements par porosité, imitation et effet d’entrainement… Certains évoqueront aussi la nécessité pour les intrapreneurs de ne pas se déconnecter du reste de l’entreprise, de rester en prise avec les réalités…

Nos expériences nous ont convaincus qu’il ne faut pas mélanger les genres : tout programme d’intrapreneuriat doit organiser une frontière assez nette avec le quotidien de l’entreprise.

Encore une fois, ne nous leurrons pas : ce n’est pas en accompagnant quelques projets et intrapreneurs par an, fusse au contact direct du reste de l’entreprise, que l’on obtient un effet d’acculturation significatif.

Pour l’intrapreneur, la participation au programme est tout sauf un « parcours de santé » !

Il se voit donner la chance d’approfondir et de convaincre quant à un projet auquel il croit. Durant ce qui ne sera peut-être qu’une parenthèse, il est réputé y mettre toute son énergie.

Dans leur immense majorité, les intrapreneurs évoquent systématiquement une surcharge de travail et un « écartèlement » entre leur projet et leurs responsabilités au quotidien. Au-delà d’un sentiment de frustration, ils font parfois même référence une véritable « schizophrénie », née de l’incapacité à conjuguer des injonctions contradictoires ; en effet, si l’Entreprise c’est le monde du respect de la procédure, de la certitude et du consensus, le projet innovant est celui de la créativité libérée, de la nécessité de sortir du cadre, de l’incertitude permanente, de la prise de décision rapide…

Courants sont les exemples de découragements, démotivations, arrêts d’expérimentations…

L’hébergement dans des lieux différents (des tiers lieux !), dédiés et adaptés à la pédagogie, l’ouverture, les échanges et la collaboration est un must mais il est loin de suffire.

Comme nous l’avons déjà évoqué, l’intrapreneuriat s’appuie sur l’allocation de temps de travail dédié, sanctuarisé dans des proportions significatives pour l’intrapreneuriat.

Pour pouvoir vraiment le garantir, il est bien évidemment indispensable de s’entendre le plus en amont possible avec la ligne managériale des intrapreneurs.

Un autre élément est à considérer pour positionner au bon niveau le programme d’intrapreneuriat vis-à-vis du reste de l’entreprise : pour ses collègues, l’intrapreneur est un peu à part. Il a été sélectionné, il bénéficie d’une aura, d’un statut particulier. Comment faire se côtoyer et s’enrichir mutuellement des collaborateurs avec des logiques de fonctionnement très différentes et éviter toute attitude de rejet ou de défiance ?

Comme nous l’avons évoqué un peu plus haut, les modalités de sortie du programme d’intrapreneuriat sont au moins aussi importantes que celles du programme lui-même. Nous consacrerons donc notre prochain billet à approfondir l’après, explorer les sorties possibles pour l’intrapreneur et pour son projet.