Une approche agile au service des projets innovants

La méthodologie dite Agile se place en alternative aux approches de gestion de projet classique. Elle est très utilisée notamment pour sa flexibilité et sa capacité à gérer l’imprévu.

UN CYCLE DIT EN « V » ?

La gestion d’un projet classique suit généralement un cycle dit « en V ».

Cela signifie que l’on commence par spécifier la solution, de façon générale, puis de façon détaillée. On élabore un cahier des charges que l’on valide auprès de son client. Ainsi, on est en capacité de planifier la totalité du projet presque dans ses moindres détails. C’est sur la base des spécifications détaillées, du cahier des charges, que l’on développe la solution. Quand on arrive à la fin du projet, une fois la solution construite, on s’assure de la conformité des éléments unitaires qui composent la solution puis de l’ensemble des spécifications pour prononcer « la recette ».

L’incertitude inhérente aux projets innovants ne permet pas de suivre cette approche : plus un projet est innovant – c’est-à-dire plus il ambitionne de mettre en place quelque chose de nouveau – plus il est incertain. Les incertitudes ont trait tant à la technique, aux moyens à mettre en œuvre qui n’existent pas forcément, qu’à l’acceptabilité et au caractère désirable de la solution. Au fond, on n’est jamais sûr de parvenir à innover.

L’approche classique en V serait inadaptée pour la conduite de projets innovants : difficulté à fixer des jalons, planning incertain, découpage en tâches et activités successives délicat !!… Que faire alors lorsqu’il est difficile voire impossible d’anticiper les problèmes et les solutions à partir d’expériences passées ?

 

LA METHODOLOGIE AGILE, UNE APPROCHE ADAPTEE AUX PROJETS INNOVANTS

La méthodologie dite Agile se place en alternative aux approches de gestion de projet classique. Elle est très utilisée notamment pour sa flexibilité et sa capacité à gérer l’imprévu. Elle consiste à diviser le projet en plusieurs sous-ensembles d’ambition progressive en se fixant des objectifs à court terme. Une fois l’objectif du premier sous-ensemble atteint, on passe au suivant et ce jusqu’à la concrétisation d’une solution qui réponde tout à fait aux souhaits de ceux à qui elle est destinée : et pour cause, elle est progressivement construite avec eux (ou avec un échantillon d’usagers). La méthodologie agile repose sur une relation privilégiée entre le client et l’équipe projet. La satisfaction de l’usager étant la priorité, le dialogue est de mise et des ajustements sont effectués en temps réel afin de répondre à ses attentes.

 

Développons la démarche « agile » plus en détail !

Pour commencer, il faut faire le tour des incertitudes que l’on a. S’interroger et se dire, qu’est-ce que je ne sais pas, sur quoi ai-je le plus de doute. Les incertitudes sont forcément très nombreuses : elles peuvent être d’ordre technique, porter sur les moyens, sur l’ergonomie, l’acceptabilité, le fonctionnement réel dans lequel s’inscrit la solution …

Il s’agit de concentrer son énergie d’abord sur ce qui est le plus incertain, le moins connu pour avancer progressivement en levant au plus vite les incertitudes les plus importantes.

Pour avancer, on découpe sa solution en « fonctionnalités » ou morceaux plus unitaires en se posant la question de ce qui est le plus important et de ce qui est plus accessoire. C’est sur cette base que l’on engage la construction pour aller la confronter au retour du client. Les sprints définissent les phases de développement itératif de la solution. Ils sont de courte durée (2 à 3 semaines) et doivent aboutir à produire un morceau cohérent de la solution que l’on va pouvoir exposer directement au destinataire/client/usager pour recueillir son feed-back.

Le plus vite possible, il faut identifier une partie de la solution qui, sans avoir toutes les fonctionnalités, représente tout de même le socle de valeur qui permet de justifier le projet. Nous parlons ici du MVP – Minimum Viable Product ou produit minimum viable. Pour que cette notion fasse plus de sens pour vous, prenons un exemple concret : le développement d’une application mobile offrant des services de prise de rendez-vous avec des professionnels de santé.

Vous commencez par prototyper et tester, par itérations avec des utilisateurs finaux, une première maquette de votre application qui permettra de recenser sur une seule plateforme une liste de professionnels de santé.

Vous arrivez désormais, grâce à ces itérations, à une maquette quasiment fonctionnelle et diffusable car elle crée déjà de la valeur pour vos usagers – on parle donc de MVP. C’est à partir du MVP que l’on va pouvoir, en continuité, nourrir la solution de nouvelles fonctionnalités ou adaptations supplémentaires pour s’assurer de leur valeur et aboutir à un produit fini.

En suivant l’approche agile, le chef de projet pourra lister l’ensemble des fonctionnalités de l’application que vous souhaitez développer pour satisfaire vos futurs utilisateurs. Par exemple : proposer les créneaux disponibles de chaque professionnel inscrit pour faciliter la prise de rendez-vous, offrir un mode de consultation par vidéo, accéder à ses documents médicaux sur la plateforme (ordonnances, factures, etc.), payer le professionnel et gérer ses remboursements directement avec l’application.

C’est par des sprints – itérations de courte durée avec une priorisation d’éléments : par exemple pour développer la nouvelle fonctionnalité de consultation par vidéo – que vous allez de façon incrémentale développer votre application … et la faire vivre.

 

LES BENEFICES (NON EXHAUSTIFS) DE LA METHODOLOGIE AGILE

Cette méthodologie permet d’accélérer la mise à disposition de nouveaux produits/services sur le marché (Time-to-Market), tout en s’engageant dans une approche d’amélioration continue. Les utilisateurs finaux sont impliqués tout au long de la démarche, ce qui permet de gagner en compréhension des enjeux, de réduire au fur et à mesure les incertitudes et d’augmenter les développements de qualité, tout en assurant leur satisfaction. Les coûts globaux du projet sont également mieux contrôlés car à l’issue de chaque sprint, nous avons une visibilité de ce qui a été consommé, en regard de la valeur réellement apportée.

 

CHOISIR LA METHODE ADAPTEE

Dans cet article, nous avons abordé les principes de l’approche agile – produire périodiquement des résultats concrets, garantir une livraison continue, garder un contact rapproché avec le client, recevoir les demandes de changements – particulièrement au travers de la méthode scrum. Plusieurs méthodes ont également été générées sur la base de l’agilité. On pense notamment à la méthode Kanban, Crystal Clear, eXtreme Programming (XP) ou encore à la pensée design. Souvent développées dans l’industrie informatique, chacune de ces méthodes comporte ses spécificités propres qui peuvent être adaptées à tout type de projet.

 

UNE QUESTION DE CULTURE

Au-delà du choix de la méthode, l’agilité est aussi et surtout une question de posture et de culture. Elle repose sur des valeurs de transparence, de sens, de confiance et de qualité portée par les pratiques de management et des relations entre les acteurs, clients compris ! Elle doit s’appuyer sur une structure spécifique, laissant place aux optimisations, sans freiner l’organisation des équipes.